La résurrection de rocambole - tome 2 - saint-lazare, l'auberge maudite, la maison de fous by Pierre Alexis Ponson Du Terrail

La résurrection de rocambole - tome 2 - saint-lazare, l'auberge maudite, la maison de fous by Pierre Alexis Ponson Du Terrail

Auteur:Pierre Alexis Ponson Du Terrail [du Terrail, Pierre Alexis Ponson]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
Publié: 2011-08-29T16:03:22+00:00


VII

La porte ouverte, Madeleine se trouva face à face avec Pierre le moujik. D’abord, elle s’imagina que celui dont elle avait cru entendre la voix, c’est-à-dire son époux bien-aimé, était derrière cet homme, muet pour elle jusque-là. Et comme elle demeurait sur le seuil, Pierre la poussa à l’intérieur de l’auberge.

– Yvan, où es-tu ? fit-elle.

Mais alors Pierre se mit à rire.

– Je ne suis pourtant point la victime d’une hallucination, murmura-t-elle avec angoisse en plongeant vainement son regard au-dehors. J’ai bien entendu la voix d’Yvan.

– Pardonnez, mademoiselle, répondit Pierre, qui, pour la première fois à ses yeux, ouvrait la bouche, M. Yvan est à Pétersbourg ; c’est un peu loin d’ici…

Madeleine jeta un cri :

– Oh ! cette voix ! dit-elle.

Puis, épouvantée, elle se réfugia dans le fond de la salle, attachant sur cet homme un œil perdu, et semblant se demander si elle n’était pas en proie à quelque horrible rêve.

Mais Pierre ferma la porte et continua d’un ton railleur :

– Vous m’avez donc cru muet ?

Elle jeta un nouveau cri et promena autour d’elle cet œil égaré d’une gazelle tombée dans une fosse creusée par le chasseur, cherchant une issue pour fuir. Mais la salle n’avait qu’une porte et Pierre, après l’avoir fermée, s’était placé devant. L’épouvante de Madeleine fit place soudain à cette énergie désespérée que développent chez les femmes les situations critiques et terribles. Elle se redressa et, à son tour, elle tint un moment ce misérable cloué sous son regard.

– Mais qui donc êtes-vous, fit-elle, vous qui avez la voix d’Yvan ?

– Je suis, balbutia-t-il, un serviteur du comte Potenieff, comme vous avez pu le voir.

– Son fils ! peut-être…, dit-elle, ne pouvant s’expliquer cette ressemblance de voix que par une filiation mystérieuse.

– Je le voudrais, répondit Pierre, mais ce n’est pas… Je suis né en Allemagne, et quand le comte m’a pris à son service, j’étais moujik.

Cet aveu rendit à Madeleine son anxiété, un moment ébranlée par ce doute étrange.

– Que voulez-vous ? dit-elle.

Et son accent glacé et dédaigneux acheva de déconcerter l’ancien moujik.

– Je venais voir… si… vous n’aviez besoin de rien, répondit-il en hésitant.

– Et vous vous êtes permis de m’appeler Madeleine ? Madeleine, tout court ?

Il courba la tête :

– Vous ne vouliez pas ouvrir, dit-il.

Alors elle fut superbe de froide colère et de mépris et, lui indiquant la porte du doigt :

– Sortez ! dit-elle.

Pierre avait été dominé un instant par les airs hautains et la dignité révoltée de la jeune fille. Un instant, cet homme que tourmentaient de féroces instincts, avait courbé la tête sous le regard étincelant de Madeleine ; et lorsqu’elle lui montra la porte, il fit quelques pas en arrière. Mais, s’arrêtant tout à coup et retrouvant son audace, il dit :

– J’aurais pourtant une curieuse révélation à faire à mademoiselle. Il avait repris le ton humble et servile des serfs russes. Madeleine s’y trompa.

– Que voulez-vous me dire ? fit-elle.

– Je voulais parler à mademoiselle de M. Yvan. Ce nom fit tout oublier à Madeleine :

– Yvan ! dit-elle, vous avez quelque chose à me dire de la part d’Yvan.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.